La lettre 02.60.80 n°9
Editorial
La cancérologie doit s’organiser en Picardie. L’année 2008 voit l’arrivée de trois projets qui vont intéresser tous les acteurs en cancérologie et devraient à terme bénéficier aux patients atteints d’un cancer digestif.
En premier lieu, le CHU d’Amiens a décidé de se doter, à l’horizon de l’ouverture du nouveau CHU (2013), d’un centre « intégré » de cancérologie. Les raisons sont nombreuses et connues : surmortalité par cancer dans la région, offre de soins « perfectible » en l’absence de CLCC et d’organisation spécifique, démographie médicale préoccupante, nécessité de répondre aux critères du Plan cancer et aux missions d’un Pôle régional de cancérologie, et le CHU devrait jouer ce rôle de référence régional. Dans une situation identique, d’autres CHU provinciaux ont réussi ce pari. Une unité de lieu pour les malades, des soins ayant tous les critères de qualité, l’accès facilité aux moyens diagnostiques, aux soins de support et à la recherche, l’individualisation des domaines « information des publics et des patients » et santé publique, sont les principaux objectifs de ce projet à la fois ambitieux et nécessaire. Le concours de tous les professionnels est évidemment souhaitable.
En second lieu, la recherche clinique existe en Picardie, les idées aussi mais il y a un manque flagrant de visibilité régionale et nationale et de ressources humaines pour aider les investigateurs et lancer des projets, particulièrement en cancérologie. Le CHU va pouvoir recruter, dès le deuxième semestre 2008, une vingtaine de professionnels de recherche clinique, ARC, TEC, data manager, biostatisticiens, pour créer, en complément et en lien avec le Centre de Recherche Clinique déjà ouvert au CHU Sud, et, pour la cancérologie les moyens mis à disposition du Réseau régional Oncopic, les conditions visant à remplir notre mission commune : inclure beaucoup plus de malades dans les essais, Plan cancer oblige ! (Rappel de la mesure 67 : inclure 10% des malades dans les grands centres et 5% dans les autres).Souhaitons que d’autres centres en Picardie puissent bénéficier d’une telle aide.
Enfin, 2008 est d’une certaine façon l’année du carcinome hépatocellulaire (CHC). L’augmentation importante d’incidence et l’effet d’annonce d’un médicament efficace en situation Palliative, « désenclavent » ce cancer jusque là réputé intraitable et parent pauvre de la cancérologie. Les institutions et les industriels s’y intéressent enfin, des moyens seront rapidement disponibles. Il vient d’être créé un groupe multidisciplinaire interrégional sur le CHC, visant à fédérer et impulser la recherche en ce domaine au sein du Cancéropôle Nord-Ouest (Amiens, Caen, Lille, Rouen). Il y a beaucoup à faire en ce domaine, depuis l’épidémiologie jusqu’à la recherche de transfert en passant par les grands essais simples et pragmatiques, réalisables en collaboration avec les groupes coopérateurs nationaux. Il y a d’autre part beaucoup de CHC en Picardie, et des équipes compétentes qui ne demandent qu’à travailler ensemble. Que toute personne intéressée se manifeste et nous rejoigne, il y a encore bien du chemin avant que la mortalité ne diminue !
Un centre régional de cancérologie renommé, une recherche clinique inventive et efficace, la Picardie centre expert pour le CHC, c’est possible, faisons le !
JC. Barbare, JP. Joly (CHU Amiens)