Quatorze pourcent des cancers colorectaux sont diagnostiqués en urgence (occlusion, perforation, hémorragie) (1). La prothèse colique (PC) s’est développée comme une alternative à la colectomie en urgence dans la prise en charge des cancers du colon en occlusion. Alors que la faisabilité technique est bien documentée, les résultats à long terme ont été peu étudiés (2-4).
Le but de cette étude rétrospective sur 3 ans était d’évaluer en intention de traiter la mortalité à 30 jours et la survie globale à 3 ans après la séquence PC-chirurgie élective. Trente quatre patients ayant un cancer du colon en occlusion (colon gauche) sans signe de perforation, opérables (suitable for surgery) à visée curative (M0 au moment du bilan) étaient inclus. La PC était posée sous contrôle radiologique et endoscopique.
Le taux de succès technique était de 100% (n=34) et le taux de succès clinique était de (97%) 33/34 (1 non reprise du transit malgré PC). Une migration de PC a été observée (traitée avec succès par la repose d’une PC). Cinq (5/34, 12%) patients ont dû opérés en urgence pour une perforation tumorale (n=3, J0, 5, 18), ou diastatique (n=1), et pour échec clinique (n=1). Le taux de perforation et d’échec n’était pas lié à la localisation de la tumeur.
La durée moyenne entre la pose de la PC et la chirurgie élective était de 35 jours (6-100 jours), 27 patients sont sortis de l’hôpital dans l’intervalle des 2 interventions. Vingt-neuf patients ont eu une chirurgie élective (mortalité =0), 5 ont été opérés en urgence (mortalité n=1), à la fin de la prise en charge, 28 patients n’avaient pas de stomies. En intention de traiter, pour l’ensemble des 34 patients, le taux de survie a été de 85% à 2 ans et de 74% à 3 ans. Parmi les 30 patients chez qui à la fin de la prise en charge, l’ensemble de la maladie avait été réséquée, la survie globale était de 90% à 2 ans et de 77% à 3 ans.
Les auteurs de cette étude concluent que la PC n’altère pas les résultats carcinologiques, et que malgré les problèmes qu’elle entraîne à court terme (perforation) elle permet de transformer une chirurgie en urgence en une chirurgie élective.
Commentaires
- Cette série illustre une nouvelle fois la faisabilité de la séquence PC/chirurgie élective. Mais aussi le risque de perforation (12%) et ses aspects cliniques (3/4 tumorale, 1/4 diastatique).
- Cette série est l’une des seules rapportant les résultats carcinologiques à long terme de la séquence PC-chirurgie élective. Et il est nécessaire d’obtenir des données sur ce point.
- Il s’agit d’une étude rétrospective, non comparative dans laquelle il manque des données sur des éléments pronostiques importants : prise en charge carcinologique post chirurgicale, stade T et N et taux de perforations tumorales en per opératoire.
Références :
1. Br J Surg 2008 ;95 :1012-1019
2. Br J Surg 2002 ;89 :1096-1102
3. Am J Gastroenterol 2004 ;99 :2051-2057
4. Ann Surg 2007 ;246 :24-30.